Ces travaux correspondent aux questions non résolues en 1995 à l’issue des séries. Mais une première idée était en gestation : réaliser une pyramide, les pentes étant des plans obliques, la peinture coulerait aisément.
Sans doute pour une facilité de mise en forme et fixation des quatre côtés de la toile, le sommet n’en serait pas un seul point. Le tissu serait positionné sur une surface carrée horizontale en hauteur, duquel tomberait en oblique chacun des côtés qui serait fixé au sol. Au préalable, j’avais tracé des bandes (qui seraient humidifiées), dont les valeurs (qualité d’assombrissement de la couleur) et largeurs s’amplifieraient du sommet vers la base. La peinture serait alors distribuée, comme pour les séries, selon des marques régulières. A l’issue de ce travail, j’ai réalisé son inverse : les quatre côtés seraient fixés sur un cadre en hauteur. Positionnée cette fois-ci au centre du carré, je répartirai la peinture dont les coulures cette fois-ci seraient inversées.
Plusieurs problèmes cet ensemble devait être aussi performant que la première pyramide Cependant à l’accrochage de la toile en creux, la structure en bois sur laquelle la toile devait être fixée était trop grande .je dus rétrécir l’accrochage (déplacer les deux ancrages des points en hauteur, ainsi que désagrafer le carré déjà fixé au sol afin de le déplacer légèrement).
Un « manque de rigueur » (difficile dans l’appréciation) dans les différentes valeurs de gris me conduisirent, les bandes une fois sèches repenser la densité de la couleur noire par bande.
Je dus aussi ré-agrafer deux côtés de la base en hauteur (puisque la pyramide est inversée), car les côtés de la toile insuffisamment tendus devenaient impropres au passage du pinceau.
Je peignis donc à l’intérieur de la pyramide, les quatre bandes centre même de la « peinture » laissant la dernière, celle du bord plus foncé à travailler de l’extérieur. En effet 1m 05 est en oblique dimension maximale à laquelle je puis travailler sans être déséquilibrée.
La toile une fois sèche et dégrafée s’avéra encore plus déformée que la première ce qui m’amena à la retendre à plat en l’humidifiant l’humidité entraina des auréoles .je dus ré- intervenir sur certaines parties afin de neutraliser quelque peu l’aspect un peu « brouillon » de l’ensemble.
Réaliser un tel travail demande toute une organisation pratique, technique, ensuite une concentration physique et psychique dans le comptage des pressions scripturales, précision du point de vue de la « jonction toile -peinture projetée » et cadence respiratoire régulière de sorte que la pression exercée sur le récipient soit toujours la même et non contrecarrée par le mouvement respiratoire.
Il était nécessaire que je fasse ces deux pyramides à l’inverse l’une de l’autre.
Ces peintures, les deux pyramides, avaient tellement d’être qu’elles ne pouvaient qu’exister.
Pour moi, couper la toile pour entamer un travail était comme sectionner un cordon ombilical.
Son existence devenait réelle et autonome. Je percevais d’autant élus la séparation de mon esprit de l’idée à sa réalisation.