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Bien que »esthétiquement » elle me paraisse équilibrée, elle ne l’était encore qu ‘avec ses béquilles. Je ne saurais pas dire si elle pouvait ou non tenir véritablement debout sans leur présence. Toujours est-il qu’elle en était une conception visiblement amoindrie de la personne humaine. Son allure bien que l’ayant inconsciemment voulue ainsi, me semblait avoir été inspirée par les personnages présents dans l’une des peintures de Gérome Bosch : »l’Enfer » ; de plus une partie de son lourd aspect corporel, maladroit, mal habile suscitait en mon esprit des visions de manants médiévaux vêtus de hardes hantant les chemins creux d’époques révolues, en fait, elle était intimement mêlée ou plutôt intégrée à ce Moyen Age dans lequel s’inscrivait architecturalement cet Hôpital-Hôtel-Dieu de Bourges datant approximativement de 1500. Ange »femme qui marche » est le premier personnage crée, celui qui marche de façon incertaine, mais il m’importait de lui adjoindre des béquilles. Ce n’était pas la réalisation la plus difficile, le compliqué avait été de percevoir conjointement la jambe arrière, articulée, tenant au tronc, en même temps que sa lourdeur et son inaptitude à se mouvoir, à s’avancer. Seule la claudication étant possible et cela grâce aux béquilles.
Quant aux bras, ils étaient juste dans un premier temps les deux plans »ailés » constituant cette sorte de cape. Normalement les formes de ces deux grands triangles auraient dû évoluer – en tordant et distordant le grillage – en juste deux cylindres de chaque côté symbolisant les bras et mains appuyés sur les béquilles. Il n’en fût rien, car je considérais que cette grande position d’ailes suggérait une ample cape donnant à la fois une légèreté à l’ensemble, mais aussi un aspect tellurique et fantasmagorique à ce personnage. Et j’insérai par ailleurs, en dessous, les deux appendices symbolisant les mains. La gaze unifierait la perception de l’ensemble.