Si elle était sculpteuse on qualifierait ses œuvres de monumentales. Puisqu’elle est peintre on évoque des créations grand format ou surdimensionnées.
Annette Gareyte, installée à Vijon (Indre) depuis 2011, est une artiste atypique, d’autant plus qu’elle reproduit des silhouettes de modèles humains allongés sur le sol ou installés devant un mur, qu’elle recouvre d’une toile et arrose de peinture pour obtenir l’empreinte voulue.
« Saisir l’immédiateté du mouvement »
Cette ancienne professeure d’arts plastiques qui a vécu six ans en Polynésie avant d’arriver dans l’Indre conjugue ce qu’elle a appris aux Beaux-Arts et à travers l’école américaine de l’expressionnisme abstrait des années cinquante pour parvenir à ses fins.
« J’ai eu mon premier rapport avec la couleur quand j’avais sept ans, se souvient l’artiste. J’avais tâché mon tee-shirt avec du jus de cerise, et depuis son intensité visuelle ne m’a plus quittée. »
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On retrouve cette madeleine de Proust dans des toiles géantes, souvent criardes, qu’elle a travaillées à même le sol ou suspendues au mur pour faire couler la peinture goutte à goutte. « Ce support souple, qui peut prendre différentes inclinaisons et déformer, me permet d’avoir des effets, d’obtenir du volume que je n’avais pas forcément prévu au départ, de saisir l’immédiateté du mouvement. »
L’empreinte grandeur nature de ses personnages renforce ce côté vivant qui l’aide souvent à délivrer un message. Il y a peu de temps, Annette Gareyte avait dénoncé l’intégrisme religieux en réalisant une toile de 5,70 m sur 2,90 m consacrée à la décapitation de trente-sept personnes en Arabie Saoudite.
Récemment, elle a reproduit un couple enlacé, une femme enceinte, un homme sortant du bain en faisant poser à chaque fois des modèles.
L’artiste, qui avait présenté en 2016 plusieurs œuvres à Châteauroux expose actuellement six grands formats à l’abbaye de Prébenoît, à Bétête, commune creusoise située entre Aigurande et Boussac. À cette occasion, elle explique le cheminement de son travail qui constitue « un engagement dans le vivant car dans chacune des toiles il y a une personne ».
Exposition à l’abbaye de Prébenoît, à Betête (Creuse), jusqu’au 28 août, ouvert vendredi, samedi, et dimanche de 14 h à 18 h. Entrée libre.